L'apprentissage |
Étymologie :
A ou ab prendere, prendre à l'extérieur et le ramener à
soi.
L’apprentissage (seicho) est une adaptation entre une situation et un individu par le moyen d'une accomodation adéquate du sujet sur sa représentation de la situation, qui cause un changement de comportement qui est persistant, mesurable et spécifique de façon à permettre avec celui-ci des interactions efficaces ou de plus en plus efficaces.
Les qualités essentielles à avoir :
- Shin : patience, courage
- Ghi : méthodologie
et méthode
- Tai : concentration
Au Japon, l'apprentissage s'aborde généralement
sous le concept Shu-Ha-Ri :
L'étude des katas et du
jùdô est un acte profondément
personnel qui passe par l'imitation (shu,
suivre) puis la compréhension (ha,
comprendre) et enfin l'intériorisation (ri,
adapter, améliorer, faire sien). Le concept du shu
ha ri
est ancien et véhicule le
processus d'apprentissage (seicho).
Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis... |
"Je n’ai pas toujours été l’homme que je suis. J’ai toute ma vie appris pour devenir l’homme que je suis, mais je n’ai pour autant pas oublié l’homme que j’ai été, ou à plus exactement parler les hommes que j’ai été. Et si entre ces hommes-là et moi il y a contradiction, si je crois avoir appris, progressé, changeant, ces hommes-là quand, me retournant, je les regarde, je n’ai point honte d’eux, ils sont les étapes de ce que je suis, ils menaient à moi, je ne peux pas dire moi sans eux.
Je connais des gens qui sont nés avec la vérité dans leur berceau, qui ne se sont jamais trompés, qui n’ont pas eu à avancer d’un pas de toute leur vie, puisqu’ils étaients arrivés quand ils avaient encore la morve au nez. Ils savent ce qui est bien, ils l’ont toujours su. Ils ont pour les autres la sévérité et le mépris que leur confère l’assurance triomphale d’avoir raison. Je ne leur ressemble pas. La vérité ne m’a pas été révélée à mon baptême, je ne la tiens ni de mon père ni de la classe de ma famille. Ce que j’ai appris m’a coûté cher, ce que je sais je l’ai appris à mes dépens. Je n’ai pas une seule certitude qui ne me soit venue autrement que par le doute, l’angoisse, la sueur, la douleur (itami) de l’expérience. Aussi ai-je le respect de ceux qui ne savent pas, de ceux qui cherchent, qui tâtonnent, qui se heurtent. Ceux à qui la vérité est facile, spontanée, bien entendu j’ai pour eux une certaine admiration mais, je l’avoue, peu d’intérêt. Quand ils mourront, qu’on écrive donc sur leur tombe : il a toujours eu raison..., c’est ce qu’ils méritent et rien de plus. Il faut appeler les choses par leur nom."
Aragon
Les Lettres Françaises, n° 771, du 30 avril au 6 mai 1959
L'image de l'escalier :
L'apprentissage peut être vue comme l'ascension d'un escalier. Un enseignant
doit être capable de monter et descendre l'escalier de son propre apprentissage.
En revanche, tous les enseignants ne sont pas capable de monter aussi haut.
Plus l'enseignant est monté haut dans l'escalier et plus il peut faire
monter ses élèves haut dans l'escalier. Toutefois, un enseignant
peut aussi ne plus se souvenir des premières marches ou ne les avoir
jamais connues à cause d'un apprentissage trop rapide de l'élève
doué qu'il était à l'époque de son propre apprentissage.
Il en résulte qu'un enseignant d'athlète de haut niveau peut
se montrer performant pour des athlètes de haut niveau mais peut s'avérer
incapable d'enseigner des niveaux débutants ou même inférieurs
à celui qu'il enseigne habituellement. À l'inverse, un enseignant
de niveau technique plus bas peut s'avérer plus performant pour des
élèves de plus bas niveau mais incapable de faire monter des
athlètes de haut niveau sur une marche qu'il n'a jamais atteint lui-même.
Enseigner à un élève est donc identifier la marche sur laquelle il se trouve et le faire monter les marches supérieurs.
Le pédagogisme
:
Certaines techniques pédagogiques ne sont pas nécessaire avec
la grande majorité du public. Ces techniques sont utilisées
soit parce que :
- l'enseignant sous estime les limites de son public
- l'enseignant pense à tort que plus une technique est enseignée
de manière décomposée et plus il accrochera d'élèves
L'élève sera démotivé si
:
- la marche identifiée est plus basse que le niveau réel de
l'élève (pédagogisme)
- la marche identifiée est plus haute que le niveau réel de
l'élève
S'il est vrai que les élèves les plus fragiles ont besoin que les techniques soient enseignées de manière très décomposée, les plus fort d'entre eux ont besoin d'avancer plus vite. La meilleure méthode consiste à enseigner de manière non décomposée à tous et de reprendre de manière plus décomposée aux plus fragiles.
NB : les marches ou les niveaux cités ne font pas référence à un résultats en compétition mais au GHI, le niveau technique, tactique et stratégique.
« Pour s’améliorer, il faut changer.
Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent. »
– Winston Churchill
On ne préjuge pas de la désirabilité sociale de l'apprentissage ; on peut apprendre à tuer, à voler, à mentir comme on peut apprendre à aider son prochain, comme on peut apprendre à résoudre une équation.
Le but de l'apprentissage n'est pas le savoir, mais l'action. En d'autres termes, le but de l'apprentissage c'est d'accroître notre qualité de vie. Ce critère n'est pas toujours très explicité par l'enseignant.
Tout apprentissage doit être significatif, c'est-à-dire qu'il doit s'insérer dans un réseau de choses connues et vécues par l'apprenant.
L'enseignant est là à la fois pour donner les moyens aux élèves d'apprendre et pour donner envie aux élèves d'apprendre. La réussite de l'élève est la conjugaison entre les efforts de l'élève et les efforts de l'enseignant.
connaissance |
transposition didactique |
savoir |
Le dictionnaire de l'éducation de Legendre, Larousse 1988 indique que l'enseignement est le processus de communication en vue de susciter l'apprentissage.
Dans cette perspective, enseigner devient un concept beaucoup plus extensif; enseigner, n'est pas seulement transmettre une information mais c'est surtout provoquer ou encore organiser ou encore faciliter ou gérer un apprentissage. Nous retiendrons surtout la notion de gestion des apprentissages car, après tout, le terme de gestion englobe à la fois la facilitation (pédagogie) et l'organisation de l'apprentissage (didactique).
On peut dire qu'enseigner n'est pas seulement "parler", comme disent les anglo-saxons "teaching is not telling". On pourrait même dire qu'un enseignant peut être parfaitement silencieux et être en train d'enseigner dans la mesure où il organise une situation d'apprentissage. Rappelons-nous Celestin Freinet qui, revenu gazé de la première guerre mondiale (1914-1918), a tout à fait rénové la pédagogie de l'enseignement fondamental parce qu'il était incapable de tenir de longs discours.
Enseigner et apprendre sont deux concepts tout à fait indissociables tout comme vendre et acheter. Qu'est-ce que vendre ? C'est parler ou vouloir convaincre le client, mais plus fondamentalement vendre c'est provoquer l'achat, s'il n'y a pas d'achat, il n'y a pas de vente. De même, s'il n'y a pas d'apprentissage, il n'y a pas d'enseignement digne de ce nom.
Un bon enseignant est donc un " organisateur de situations d'apprentissage ". En fait, un enseignant, c'est quelqu'un qui fait du management, c'est à dire qui coordonne les activités de certaines personnes en vue d'atteindre des objectifs dûment définis. L'enseignant est un manager et pas simplement un dispensateur d'informations.
Dix règles d'or sont à considérer
quelque soit la discipline :
01- Apprendre, c'est donner du sens aux choses en faisant des liens entre
elles. (accommodation ou assimilation)
02- Quand on apprend, on acquiert des connaissances (qui dépendent
de la mémoire), des habiletés (qui dépendent de la pratique)
et des attitudes (qui dépendent des expériences et des influences).
(accommodation)
03- Pour apprendre, il faut avoir une motivation,
c'est-à-dire une raison d'apprendre ou un intérêt à
apprendre, ainsi que la confiance
qu'on est capable d'apprendre. (Jitoku)
04- Personne ne peut apprendre à la place de l'élève.
On ne peut pas forcer un élève à apprendre, pas plus
qu'on ne peut le forcer à penser. C'est un acte profondément
personnel. On peut simplement le placer dans des situations favorables.
05- Pour apprendre, il faut avoir l'occasion de faire par soi-même,
d'expérimenter, de résoudre des problèmes et de faire
des erreurs. Pour ne plus faire d'erreurs, il faut avoir eu l'occasion d'en
faire.
06- Pour apprendre, il faut réfléchir à ce que l'on a
fait, voir comment on s'y est pris, analyser ses erreurs, se regarder faire,
faire des "post-mortem"
et essayer de nouveau, différemment. Sinon, on ne fait que constater
ses erreurs et les répéter.
07- On n'apprend pas une fois pour toutes. Ce qui ne sert pas est oublié.
Pour le conserver, il ne faut pas seulement le répéter; il faut
s'en servir dans de nombreuses situations différentes.
08- Apprendre demande un effort, mais l'effort seul ne suffit pas. On peut
faire beaucoup d'efforts et ne pas apprendre si on ne sait pas quels efforts
précis il faut faire.
09- On apprend plus facilement quand on est actif que si on se limite à
écouter passivement.
10- Les interactions aident
l'apprentissage. On apprend plus facilement si on a l'occasion d'échanger
avec les autres et de coopérer avec eux à la réalisation
d'un projet, à l'accomplissement d'une tâche ou à la résolution
d'un problème (entraide
et la prospérité mutuelle (jitai kyoei)
Les stratégies de mémorisation
:
Mémoriser c'est créer des liens entre les mots
et les conceptes de la mémoire à court terme (ou mémoire
de travail) et la mémoire à long terme. Plus les liens sont
nombreux et utilisés et plus ils sont solides.
On peut distinguer trois types de stratégies d'apprentissage
:
Je comprends les mots :
1. Stratégies métacognitives, basées sur un
traitement profond du contenu à apprendre, mise en relation de concepts
par des graphes, réalisation de schéma, mise en situation,
etc. Les apprenants ayant développé des stratégies
métacognitives comme la détermination des sous objectifs ou
la planification d'une révision, vont améliorer leurs performances
(seika).
Je connais les mots :
2. Stratégies d'élaboration, basées sur le traitement
effectué sur le sujet d'apprentissage dans le but de le restructurer
et le rendre plus facile à mémoriser. Les astuces mnémotechniques,
le résumé, les glossaires, permettent d'élaborer le
matériel à apprendre et facilitent la compréhension
du contenu.
3 . Stratégies de répétition,
basées sur la répétition
que l'apprenant fait d'une série de mots, d'un procédure,
d'une leçon. « Apprendre par cœur », faire partie
de cette stratégie basée sur la reproduction.
Si vouloir "comprendre les mots" est certe le but final, vouloir passer directement à cet idéal n'est pas toujours une bonne chose. Accepter de passer par "apprendre les mots" est parfois malheuresement necessaire pour réussir lorsque votre enseignant n'est pas capable de vous faire "comprendre les mots" (à cause de lui ou à cause de vous). Inversement, l'enseignant devra se contenter d'apprendre les mots à son élève dans un premier temps au lieu de lui faire comprendre les mots de suite. "Comprendre les mots" devra malheuresement parfois attendre la maturité.
Par exemple le mot Hydrophobie :
Apprendre le mot hydrophobie avec sa définition c'est apprendre le
mot.
Repérer que ce mot est composé de hydro qui veut dire l'eau
et phobie quie veut dire la peur ou la fuite amène l'élève
à comprendre que hydrophobie signifie la peur de l'eau sans l'avoir
appris mais en l'ayant compris.
- La stratégie 3 est liée à la
souffrance puis parfois au plaisir.
- La strétégie 2 est lié eà la soufrance et
au plaisir puis parfois qu'au plaisir
- La stratégie 1 est directement liée au plaisir
Si apprendre pour vous n'est qu'un plaisir alors il est normale de vouloir toujours passer par la stratégie 1 directement. Malheuresement la stratégie 1 demande une maturité qui devra attendre mais jamais être perdu de vue.
Les enseignants qui ne connaissent que la strétégie
2 et 3 sont certes des bosseurs mais n'ont pas compris ce qu'ils enseignent.
Les enseignants qui veulent enseigner que par la stratégie 1 ont
certe compris ce qu'il enseigne mais n'ont pas assez de recule sur leur
propre apprentissage.
Les enseignants qui modulent en fonction du contenu de leur enseignement
et de la maturité de leurs élèves ont tout compris.
La place de l'inné et de l'acquis :
Quoiqu'à la fois l'hérédité et l'environnement
semblent jouer un rôle dans la détermination des aptitudes
d'un individu, il est difficile de cerner dans quelle mesure chacun de ces
facteurs joue un rôle, et comment ils s'articulent entre eux.
Ainsi : - une personne souffrant de trisomie
21 ne peut pas rivaliser intellectuellement avec une personne non affecté
d'un dysfonctionnement mental.
- des jumeaux
monozygotes élevé dans des environnements intellectuels
différents auront des capacités intellectuelles différentes.
- deux personnes
élevés dans le même environnement et non affecté
d'un dysfonctionnement mental auront parfois des capacités intellectuelles
différentes.
En fait, chaque personne possède un potentiel :
- différent (inné)
- développé plus ou moins loin (acquis)
- développé plus ou moins vite (inné + acquis)
http://www.csrdn.qc.ca/discas/Parents/parentsApprentissage.html
http://www.coppet.edu/parents/parentsdigas.html
Voir aussi Les styles d'appentissage, les types d'intelligence et les types de communication.